La modestie du flou

Photo floue d’un soir où le soleil se retirait du jour et avec un certain panache. Choisir la plus floue parce qu’il y a tant de clichés sur cette ville et les chantiers de Méan-Penhoët que j’ai du mal à trouver des mots justes. Alors pour l’heure, moi qui ne suis ici à Saint-Nazaire que depuis dix jours, je préfère me tenir dans le flou de ma résidence même si je rencontre ceux du travail de nuit, des horaires décalés. Et bientôt celles du ménage tôt le matin. Je questionne, je note et je me méfie de la carte postale. Je rencontre des gars qui bossent, qui triment, qui s’abiment la santé avec les trois-huit pour construire ces énormes paquebots qui emporteront leurs milliers de passagers consommer du voyage comme on se sert dans les rayons d’un hypermarché. De toute façon sur les paquebots on y monte jamais, me dit un jeune charpentier fer rencontré dans le bar de la base sous-marine, et je ne sais pas si c’est du regret, de l’indifférence ou peut-être même une forme de résistance. Il raconte aussi les visites des chantiers organisées par l’office du tourisme mais jamais dans son atelier à lui,  trop vieux, trop sale. Les vieilles ampoules jaunes, ça ne fait pas rêver les touristes. Je note, je prends des photos floues. Il est des villes qui vous rendent modeste. 

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