Je rencontre des gars. Des gars de chez Man Diesel, STX, Airbus, de la Saprena.
Des gars du chantier.
Penhoët, boulevard des apprentis, rue de l’aviation.
Au café du Centre ou Sous les palmiers
Je rencontre des gars, à Saint Nazaire.
Je rencontre des gars. Des postés.
Travail de nuit. Travail du dimanche. Travail décalé.
Travail en dehors des heures normées.
Je rencontre des gars. On boit un café. Un café de moins en moins serré. De plus en plus allongé.
On ne se connaît pas. On parle travail.
On parle fatigue, décalage, loisir, cargos, moteurs, trajets.
On parle produits toxiques, congés, enfants, études, divorce, musique.
Ils sont peintres, fraiseurs, tourneurs, logisticiens …
Ils partent tôt le matin ou rentre tard dans la nuit. Ils partent au boulot.
Vélo, bus, voiture, ça dépend du temps. Ils vont au travail.
Je les questionne :
ça fait quoi ?
ça fait comment ?
c’est dur ou on s’habitue ?
Ils répondent. Ils s’étonnent : « Et avec ça tu vas faire de la poésie ? »